La construction d’un sujet de A à Z par un journaliste
Interview de Sylvain Millanvoye – Journaliste et reporter dans les rubriques Sport et Société de TF1 depuis 2005, Sylvain Millanvoye crée chaque jour des sujets et des reportages pour les journaux TV du 13h et du 20h, et l’édition du week-end. Spécialiste du monde automobile, il a été le chef d’édition de la Formule 1. Depuis + de
10 ans, le journaliste monte des sujets en collaboration avec Stéphanie Val et l’agence Com n’plus. Nous allons voir que, comme pour la création de contenu pour les clients de notre agence, Sylvain accorde beaucoup d'importance à l'authenticité.
Comment définiriez-vous le métier de reporter ?
Un reporter est quelqu’un qui observe et qui raconte.
Vos sujets sont-ils imposés ?
Il existe deux façons de travailler. En effet, le reporter est chargé de proposer des idées de reportages qui l’intéresse ainsi que le public de sa chaine. Mais, les rédacteurs en chef sont aussi à-même de demander à réaliser certains sujets ou reportages.
En soi, c’est vraiment du 50/50, je propose et parfois nous sommes d’astreinte afin de couvrir l’actu. Il faut savoir qu’un journal est divisé en deux parties. L’actu chaude, la plus importante qui nécessite de partir tout de suite. Et la deuxième partie, l’actu froide avec des sujets dans l’air du temps mais pas forcément nécessaires.
Comment bien préparer son reportage ?
Il faut se demander déjà si ça t’intéresse en tant que journaliste, et si ça peut plaire aux téléspectateurs. Sachant que TF1 a un public très généraliste et diversifié, nous essayons d’intéresser le public le plus large possible. Par exemple, dans le sport automobile, sport très technique, il faut être capable d’apporter au public de la chaine du contenu pédagogique sans pour autant qu’il soit fervent des courses.
Quelles sont les premières questions à se poser avant de débuter son sujet ?
Quelles histoires je raconte ? Comment ça va intéresser les gens ? Et est-ce que ça m’intéresse moi ? Puis nous avons les bases du journalisme les 5W + 1P ou QQOQCCP. Nous essayons de construire l’histoire la plus réelle possible. Un reportage est réussi seulement si on peut filmer l’histoire telle qu'elle est, sans modification et comme si la caméra n’était pas là.
Avez-vous un plan déjà en tête pour le montage ?
Avant de travailler non, après avoir eu les protagonistes au téléphone, savoir ce qu’on peut tourner, ce qu’ils vont faire, oui. On part avec une idée mais il ne faut pas qu’elle soit préconçue. Une fois sur le terrain, être capable de s’adapter est la clé pour être au plus proche de la réalité. Le reportage télévision n’est pas de la mise en scène, il fonctionne si l’on réussit à retranscrire la réalité.
Sur quels acteurs vous appuyez-vous ?
C’est un travail d’équipe. Du caméraman au preneur de son ou monteur, il faut impliquer tout le monde sinon on perd une partie du sujet.
Les responsables de communication ou attachés de presse facilitent le contact avec le client et m’aident à comprendre la personne et faire comprendre la façon dont je travaille. Ils font un travail de facilitateur auprès de la personne à interviewer. Plus les gens sont eux-mêmes, moins ils font attention à la caméra, plus le sujet sera pertinent et authentique.
Quelles sont les erreurs à éviter ?
Croire que l’on peut tout faire grâce au statut de journaliste, ne pas mettre les gens en confiance. Il ne s’agit pas de leur faire faire les choses, il faut les conditions du réel. Il faut toujours penser que les gens qui vous regardent n’ont pas les mêmes domaines de compétences que vous et donc s’adapter.
Comment choisir la longueur d’un sujet ?
C’est le rédacteur en chef et le chef d’Édition qui décident de la durée. Il y a entre 15 et 20 sujets dans un journal et il faut répartir le temps entre le présentateur, la durée des directs, les invités et la durée des reportages. La presse, c'est des maths. Ce n’est pas nous qui décidons mais si un sujet est très complexe et doit être plus long pour X raisons évidentes, j’en parle à mes supérieurs et l’on avise.
L’image est-elle importante ?
L’image est essentielle. Elle prime sur le commentaire mais celui-ci doit être irréprochable. C’est pourquoi, chaque reportage commence par une image forte pour accrocher les gens.
Combien de temps prend l’élaboration d’un sujet ?
12 minutes quand on est dans l’urgence à 7 jours pour les sujets long. Notre travail est de savoir s’adapter pour réussir à faire des formats courts ou longs. En général, la norme d’un sujet est de 2 jours.
